Comment ça s’écrit, écureuil?
Date de publication : 07-02-2024
On le sait, l’orthographe lexicale est difficile pour plusieurs enfants (Daigle et al. 2015). Et je ne parle pas seulement des mots de vocabulaire à apprendre par coeur. Rencontrer des difficultés en orthographe, c’est avoir de la difficulté, oui, à performer dans les dictées, mais aussi (et surtout) à écrire correctement des mots (appris ou non) dans une composition écrite, par exemple.
Mais comment faire pour que notre enfant qui rencontre des difficultés apprenne à respecter l’orthographe d’usage? Il ne peut quand même pas apprendre TOUS les mots de la langue française par coeur. Et même quand il apprend des listes de mots par coeur (mots de vocabulaire de la semaine), il n’arrive pas à bien les orthographier dans d’autres contextes ou même deux semaines plus tard. Ça sonne familier?
Eh bien, je vous présente aujourd’hui une stratégie que j’utilise avec les enfants lorsque je veux qu’ils apprennent à RÉFLÉCHIR à l’orthographe. Parce qu’une langue, c’est un code. Et il faut apprendre à le déchiffrer. Et cela passe par la réflexion et l’analyse. Je vous le dis tout de suite, ma stratégie n’a rien de révolutionnaire! Mais, parfois, les stratégies les plus simples ne nous viennent pas en tête automatiquement, on cherche trop loin. Alors voici ce que je vous propose :
Quand un enfant me demande « ça s’écrit comment, ce mot-là ? », plutôt que de lui donner la réponse tout cru dans le bec, je lui renvoie la question : « comment tu penses que ça s’écrit ? » Si votre enfant n’est pas habitué à ce genre de questionnement, c’est très possible qu’il vous réponde quelque chose comme « ben je sais pas, c’est pour ça que je te le demande » avec un regard un peu exaspéré. Bon, à partir de là, on peut guider un peu la réflexion, ce qui peut ressembler à cela :
Je répète quelques fois le mot en prenant mon temps pour amener mon enfant à faire pareil et à porter une attention particulière aux sons qu’il entend et aux sons qu’il produit avec sa bouche.
J’exemplifie ce que je veux dire, mais avec un autre mot, pour que mon enfant allonge lui-même le mot « écureuil »
Ici, j’aurais posé la même question, même si mon enfant avait écrit le bon graphème. Mon but est qu’il développe sa réflexion et son analyse en utilisant ses connaissances linguistiques. Pour ce faire, il doit acquérir lesdites connaissances. Et je veux vérifier où il en est dans ses apprentissages. De plus, il aurait pu écrire la bonne graphie complètement au hasard. C’est donc toujours important de questionner
Quand mon enfant utilise une bonne stratégie, mais qui est erronée dans le cas présent, je veux quand même la souligner. Il est en processus d’apprentissage et c’est normal de ne pas tout connaitre. J’en profite en même temps pour lui enseigner le petit plus qui lui manquait pour bien analyser son mot.
Oui, mon exemple est long. Et ça prend plus de temps que de simplement épeler le mot que mon enfant me demande. MAIS! Il faut savoir qu’en prenant notre temps pour amener notre enfant à réfléchir comme ça et à utiliser ses connaissances, on lui donne une poussée extraordinaire. Il n’y aura pas toujours un adulte qui sait comment s’écrivent les mots à côté de lui ; c’est important qu’il apprenne à adopter une posture de chercheur pour écrire de nouveaux mots.
De plus, j’ai étiré mon exemple pour essayer de vous montrer le plus de façons d’intervenir possible. Et, non, je n’interviens pas TOUJOURS comme ça. Il faut quand même que mon enfant soit réceptif : sinon, il n’y en aura pas, de dialogue. Mais, de temps à autre, quand mon enfant n’est pas pressé, je sais que de l’encourager à trouver par lui-même l’orthographe d’un mot est extrêmement pertinent pour lui.
Source :
Daigle, D., Ammar, A., Berthiaume, R., Montésinos-Gelet, I., Ouellet, C., & Prévost, N. (2015). L’enseignement de l’orthographe lexicale et l’élève en difficulté: développement et mise à l’essai d’un programme d’entraînement. Montréal, Canada: Fonds de recherche Programme actions concertées.
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